Résumé:
La présente thèse tente une incursion multidisciplinaire dans le domaine de l’enseignementdelaconceptiondubâtiment.Alliantlessciencesdel’éducationetcelles de la communication, elle propose une approche didactique de l’apprentissage de la conception en atelier, notamment par une enquête longue et minutieuse dans les ateliers d’enseignement del’architecture.
L’hypothèse est que l’enseignement de la conception du bâtiment est fortement tributaire du processus relationnel interpersonnel qui est lui-même basé sur une structure latente du malentendu. Notre démarche opérationnelle se compose de deux parties distinctes : en premier lieu, une cartographie des situations d’apprentissage spécifiques aux différents scénarios en ateliers permet de dégager des « moments » clefs, modélisables et invariables. Dans un second temps, une observation des échanges aux moments clefs permet de dégager des pathologies communicationnelles, selon la méthodologie dictée par l’école de Palo Alto car une forte analogie entre la structure familiale et celle du groupe d’atelier est mise en avant.
Les pathologies communicationnelles observées impactent le déroulement des apprentissagesetconditionnentlesrésultatsattendusparl’étudiant,àsavoirsescréations architecturales.Lemythedémiurgiqueestl’unedesmanifestationscommunicationnelles les plus concluantes : il s’agit d’une construction mentale opérée par l’un des acteurs de l’atelierd’apprentissagedelaconception,lepoussantà«biaiser»lesobjectifsrationnels de l’exercice de conception en leur associant une stratégie pédagogique basée sur des attitudes de pensée défensives du groupe, soucieux de préserver une « cohésion interne»
, assurant ainsi la reconnaissance des membres entre soi et garantissant l’obtention d’un soutien mutuel à l’ensemble d’entre eux.
La discussion des résultats met en avant une série de prescriptions tendant à atténuer les pathologies afin de réduire les « biais » et objectiver la démarche de transmission des savoirs et des compétences en création architecturale.