Résumé:
L’objet de ce travail est d’apporter quelques éclairages de nature sociolinguistiques sur un genre de parler urbain, en l’occurrence le parler Jeune, en appréhendant ses divers modes de circulation et de diffusion entre ses locuteurs. Et pour ce faire, nous avons ciblé un groupe de jeunes qui poursuit des études de langue étrangère à l’université de Mostaganem, comme échantillon d’étude.
Les pratiques discursives des jeunes sont souvent prises ou considérées comme un déficit langagier, une absence de maîtrise de la langue circulante et qui déboucherait sur des hybridations, et des constructions aléatoires.
Notre postulat est que l’usage qui est fait de la langue circulante par ces jeunes, n’est nullement aléatoire mais qu’il obéit d’abord à des finalités avant tout communicatives mais aussi qui s’adapte à des pratiques de solidarité entre pairs, avec des connivences et des implicites de reconnaissance entre eux d’une part, et de rejet et d’exclusion des autres perçus comme des étrangers ou des intrus d’autre part.
La constitution d’un comportement socio-langagier spécifique au groupe va de pair avec un attachement résidentiel considéré comme espace de référence, de substitution et d’identification. S’inscrivant dans cette logique, une question se pose : comment est-ce que le groupe considéré comme espace de référence va servir de structure de ralliement autour d’un certain nombre de valeurs, en l’occurrence identitaires, en d’autres termes, dans quelle(s) mesure(s) la déclaration d’appartenance à un groupe (tant explicite qu’implicite) va charrier tout un système de valeurs propres autour desquelles vont se retrouver des jeunes (souvent en perte de repères identitaires) et qui sont avant tout identitaires.
Ces jeunes font varier leurs usages de la langue ou des langues en présence (le mélange de code entre arabe et français en plus de l’usage séparé des deux langues) et cela révèle l’étendue de leur répertoire d’une part, et d’autre part, les différentes stratégies discursives opérées en fonction des amis ou des étrangers et c’est là ou apparaît et se cristallise l’identité du groupe constamment soutenue par les pairs.
Notre objectif est de mettre en évidence dans un premier temps ces différentes pratiques communicatives propres à ces jeunes. Dans un second temps, de voir quelles valeurs attribuent-ils à ces usages (ludique, cryptique, identitaire…?). En d’autres termes, tenter de définir ce parler tel qu’il existe dans la conscience collective de ses usagers.