Résumé:
L’observation de symptômes de dépérissement rapide sur arbres d’agrumes, associés au virus de la Tristeza (CTV) dans la Vallée de Chlef , l’une des principales zones de production d’agrumes en Algérie, a permis de conduire une étude à grande échelle sur la réalité de cette maladie pendant 3 années consécutives ( 2016 à 2018).Des prélèvements d’échantillons ont été réalisés sur un total de 1680 arbres d’agrumes répartis dans 93 vergers commerciaux. Ces échantillons ont été analysés par test d’immunofluorescence directe ou méthode DTBIA (Direct Tissue Blot ImmunoAssay) et par DAS-ELISA (Double Antibody Sandwich - Enzyme LinkedImmunoSorbentAssay). Les résultats ont confirmé la présence du virus dans 54 arbres ce qui représente un taux d’infection de 3,21% dans la zone étudiée. Certains échantillons de ces sources locales de CTV ont fait l’objet de tests moléculaires complémentaires pour déterminer l’identité des génotypes associés aux isolats de CTV qui se propagent désormais dans la région. La caractérisation réalisée à l’aide de différents marqueurs moléculaires a permis d’identifier les génotypes T30 et VT, le génotype VT étant considéré comme une souche virulente du CTV. Les autres isolats de CTV ont été apparentés à ceux précédemment détectés dans la plaine de la Mitidja, montrant 99% de similarité nucléotidique avec un isolat modéré du CTV présent en Espagne. La surveillance des pucerons vecteurs a permis de confirmer la présence constante des deux espèces, Aphis gossypii (Glover) et Aphis spiraecola (Patch).L’espèce Toxoptera citricidus (Kirkaldy) dont le rôle est important dans la transmission des souches virulentes, n’a pas été détectée dans notre étude.
Nous avons aussi montré l’utilité du gène mtCOI comme marqueur moléculaire distinguant différentes espèces de pucerons au stade juvénile. Un essai de transmission d’isolats de CTV identifiés dans la zone d’étude, par le biais des espèces de pucerons locales réalisé dans des conditions contrôlées a montré que seul l’isolat modéré est transmissible par les deux espècesA. spiraecola et A. gossypii avec un taux de 8 et 11% respectivement. Dans les conditions expérimentales de notre étude, les souches virulentes n’ont pas été véhiculées par ces 2 espèces. L’alignement multiple des séquences nucléotidiques du gène CP25 et les résultats des analyses M.M.Ms des sous-isolats dérivés des pucerons vecteurs n’a pas montré d’altérations génomiques comparativement à ceux des isolats parentaux. La situation liée à la maladie de la Tristeza qui pourrait encore s’aggraver avec la découverte, dans la Vallée de Chlef, d’une souche virulente appartenant au génotype VT constitue un sujet d’inquiétude pour tous les agrumiculteurs d’Algérie. Elle nécessite la mise en œuvre d’un plan d’actions par les services phytosanitaires basé sur une surveillance continue des souches virulentes du CTV, de ses pucerons vecteurs et l’éradication des foyers primaires afin d’éviter la propagation vers les zones indemnes.