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Sansal accorde dans ses écrits un intérêt particulier à l'espace et aux lieux de ses origines, un rapport perceptible à la géographie de ses fictions qu’il finit par occuper un rôle actancielle. L'auteur fait preuve d'audace et bouscule les mœurs en décrivant des espaces en délire et des valeurs en dérive. Il crie haut et fort le besoin de recoller les morceaux d'une identité sectionnée et des traces à retrouver. Ses œuvres abritent plusieurs lieux différents : la maison de Lamia, la rue Darwin, le quartier de Belcourt, la ville de Rouïba, des espaces relatifs qui, de leur fonction d’horizon et de lieu, se transforment en pluralité d’actants, et d’objet ils deviennent sujet, formant ainsi, un capital polémique dématérialisant le mythe d’une homogénéité spatiotemporelle comme celle d’une identité algérienne arabo-musulmane qui se veut immuable. Son espace est raconté avec nostalgie telle une trace à retrouver. L’auteur évoqueaussi, à travers ses personnages, l’influence du tellurisme sur le comportement humain et inversement, le déploiement du tellurisme social et religieux sur la perception du territoire et des frontières. Son écriture brouille les pistes et crée la confusion : l’encrage du polar s’enchevêtrent dans les dénonciations et le documentaire, la fiction s’incruste dans des faits autobiographiques avérés et dans le mythe ; de l’hétérogénéité de l’espace et de la pluralité du réel aux procédés d’écriture multiples, et des identités hybridées à l’hybridité des genres. Dans ce cadre, nous proposons une approche géocritique de ses textes qui se réfère à trois prémisses théoriques selon leur auteur Bertrand Westphal: la spatio-temporalité comme effet direct et inévitable du postmodernisme, la « transgressivité », caractérisée par l’enfreint systématique des lois et du dépassements des frontières déjà en mouvement ; et enfin, la référentialité, corolaire immédiat du rapport entre la fiction et le réel et qui s’appuie sur l’exercice de la mémoire d’un espace qu’il soit imaginaire ou réel. Les représentations de l’auteur sur l’espace sont caractérisées par une transgression générale et générique de l’ordre établi :réinventer des mondes possibles, renouer les filiations et les généalogies plausibles, dévoiler les inscriptions interdites, raconter un pays enfermé, abolir le réel territorial, remuer les hiérarchies spatiales en réinsérant les communautés qui manquent et la géographie nécessaire, tel est le projet de l’écriture de BoualemSansal que la présente étude, à travers l’approche géocritique appliquée sur quatre de ses romans, Le serment des barbares,Harraga, Le village de l’Allemand ou le journal des frères Schilleret Rue Darwin, tentede mettre en exergue.
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