Bioremédiation des sols pollués par les hydrocarbures avec des champignons telluriques

Abstract

La contamination des sols par les hydrocarbures pétroliers constituent un problème préoccupant pour l’environnement du fait de leur toxicité, leur grande persistance et leur bioaccumulation dans les chaînes alimentaires. Parmi les différentes techniques de dépollution des sols, la bioremédiation est une alternative intéressante aux autres procédés grâce à son impact environnemental réduit et son faible coût. Ce travail repose ainsi sur l’étude des capacités des champignons filamenteux à dégrader le pétrole, le diesel et l’huile moteur usagée pour les utiliser dans la bioremédiation des sols pollués aux hydrocarbures pétroliers. Notre travail propose de mesurer le potentiel de biodégradation de 35 isolats fongiques issus de sols contaminés aux laboratoires par les hydrocarbures pétroliers et de sols pollués provenant de la raffinerie d’Arzew (Algérie). Les isolats fongiques ont été identifiés morphologiquement puis six isolats, sélectionnés suite à des tests préliminaires pour la capacité d’oxyder et d’utiliser les hydrocarbures pétroliers comme source d’énergie, ont fait l’objet d’une caractérisation moléculaire par séquençage des zones ITS de l’ADN ribosomal. Ces isolats ont été identifiés comme Aspergillus terreus, A. ustus, A. fumigatus, Penicillium chrysogenum, P. glabrum et Purpureocillium lilacinum. Les analyses gravimétriques de biodégradation en milieu minéral liquide ont montré que le pétrole brut a été le plus dégradé par les souches fongiques par des taux de dégradation de 30.43 % à 55.98 %. Le taux maximal de dégradation de diesel était 54.61%. L’huile usagée a été la moins dégradée par les souches sélectionnées. La cinétique de biodégradation des hydrocarbures pétroliers a été étudiée à des intervalles de 10 jours. La température d’incubation et le pH initial optimaux pour la biodégradation ont été recherchés et les résultats montrent qu’ils varient selon les souches fongiques et les huiles pétroliers dégradées. Les essais de mycoremédiation en microcosmes de sols révèlent que les souches fongiques sont capables de décontaminer les sols pollués et que le consortium de trois souches et plus efficace dans la bioremédiation des sols pollués. La mutagénèse par les rayons Ultra-violet a été effectuée sur deux souches afin d’améliorer leur pouvoir de dégradation. Les résultats indiquent que les mutations ont apporté des capacités plus importantes ou réduites de dégradation des hydrocarbures pétroliers. Cette étude ouvre ainsi de nouvelles perspectives pour l’utilisation des champignons telluriques dans le développement de nouveaux protocoles de bioremédiation des sols.