Résumé:
Lorsque Vitruve définit le savoir de l’architecte, l’activité intellectuelle qui prendra par la suite
le nom de « discours » ou de « théorie » est essentiellement rétrospective : elle vise à éclaircir,
à expliquer le fait architectural, considéré comme le fruit d’une industrie dont les ressources
débordent la raison discursive.
Depuis lors, le statut du discours a considérablement évolué, et il est de plus en plus fréquent
de voir ce dernier briguer la chaire du « donneur de sens », imposant à l’édifice le rôle
subalterne d’illustrer le propos à la manière d’un livre ouvert. Cette conquête du « lisible »
aux dépens du « visible » arrache l’architecture du champ spatial où elle relève des lois de
l’évidence sui generis, pour la placer sous le régime du verbe, par le truchement d’un usage
littéral de la métaphore.
La matière de théorie de projet tente d’expliquer et de clarifier ce renversement, et d’en
mesurer les conséquences au sein de la discipline architecturale.
A quels principes de conception répondent les projets d’architecture d’aujourd’hui ?
Une idée souvent partagée, sinon communément admise : l’architecture contemporaine s’en
va dans tous les sens, présente le spectacle d’une diversité formelle, d’un « éclectisme » que
l’on ne peut plus rapporter à des principes généraux ; les développements récents de
l’architecture induisent une perte de repères, une absence d’intelligibilité.
C’est à cette intelligibilité que ce cours fait référence, car il accompagne l’étudiant de la
première année de son cursus jusqu’à son aboutissement. Dans ce polycopié de cours nous
ne nous intéresserons qu’à la première année et à des principes de base de la composition en
architecture.
Cependant, la construction du cours doit pouvoir pousser l’étudiant à réfléchir à la démarche
méthodologique et au développement théorique qui accompagnent le fait de produire en
architecture. Il doit pouvoir arriver à la fin de son parcours à manipuler les concepts avec une
dimension critique.
Le programme de première année s’intéresse à inculquer à l’étudiant, encore novice dans le
monde de la conception, des références premières tant dans les éléments primaires de la
construction visuelle que dans la composition spatiale basique. Il prendra appui sur certaines
règles géométriques et spatiales pour concevoir en atelier de projet1 et argumenter ses
créations.