Résumé:
Notre étude concerne la problématique de l’investissement des tissus anciens et
détériorés à travers des opérations nouvelles et une architecture contemporaine. Cette
idée de rencontre entre le patrimoine bâti et l’architecture contemporaine nous engage
sur la voie d’une réflexion sur la cohabitation entre l’ancien et le nouveau en
architecture.
Le sujet est largement entamé dans certains pays, notamment les anglo-saxons et -nous
le verrons par la suite- en Espagne qui a offert -dès les années 1990 – une plate-forme
d’essais bénéfiques à ce phénomène culturel que l’on qualifie d’actualisation.
Le Derb de Mostaganem fait partie des quartiers qui, par leur style, leur architecture et
leur histoire, façonnent le centre-ville et imprime, chez l’habitant, une imagibilité
pérenne malgré l’effacement physique des attributs architecturaux du site.
En effet, rien n’a été tenté depuis des décennies pour préserver ce quartier séculaire,
les habitations turques ont perdues de leur superbes jusqu’à devenir des constructions
précaires et menaçantes pour les habitants. Cette situation a conduit à des opérations
d’urgence, en vue de reloger les habitants et résorber les bâtisses menaçant ruine.
C’est par la suite de ces opérations que l’intérêt auprès de la population
Mostaganémoise, d’une certaine élite et de certaines associations- jusque-là très
discrètes - commencé à se faire entendre.
Or, comment faire à ce stade d’évolution du quartier pour rattraper la situation : d’un
côté résorber l’habitat précaire tout en réinvestissant de l’autre côté le site qui reste
gorgé d’histoire et de symboles.
Il est très difficile de renvoyer les initiatives vers la reproduction mimétique de
l’ancien tissu. Cela impliquerait un savoir-faire énorme afin de reconstruire à
l’ancienne, de récupérer les plans initiaux de la ville ou du quartier (surtout dans un
environnement où l’archivage est quasi absent) et surtout, de réinventer une vie et une
pratique urbaine surannée quand, les habitants, aspirent à la modernité.
Doit-on faire des quartiers anciens des sortes de musées à ciel ouvert ? reproduisant
une ambiance urbaine perdue, à l’identique, mais sans habitants ?
Ou alors, ne peut-on pas réfléchir à la préservation de ce qui reste tout en ayant recours
à ce que l’on sait faire actuellement, c’est-à-dire une architecture contemporaine
faisant appel à des techniques modernes et ce, en plein tissu ancien ?
C’est donc à partir de ce cadre problématique que se forme l’hypothèse de l’ajout
d’une architecture contemporaine en milieu historique. De ce fait, cette recherchecréation se veut une exploration d’une réinscription identitaire comme espace de
médiation qui se pose comme question fondamentale.
Comment l’actualisation du patrimoine comme processus d’investissement identitaire
réalisé par la médiation d’une insertion architecturale puisse affirmer, voir même
renouveler l’image du quartier ancien ?
La problématique soulignée par cette recherche-création s’exprime par la tension entre
les caractéristiques individuelles spécifiques d’un bâtiment qui a évolué au fil du
temps, et le désir de réaliser un concept cohérent et logique, d’où la pertinence de faire
appel au concept d’actualisation. Ce dernier se présente comme une façon de
réinterpréter le patrimoine en lui donnant un sens actuel par un ajout architectural
contemporain. C’est donc dans l’apparente rupture causée par une nouvelle
intervention que le processus d’actualisation peut se produire, dans cette faille où les
représentations se reformulent.