Résumé:
A
RTICLE
ORIGINAL
Progrès en Urologie (1999), 9, 633-641
633
Corrélations entr
e cristalluries et composition des calculs
Zohra
KAID-OMAR
(1),
Michel DAUDON
(2)
, Ahmed A
TT
AR
(3)
, Ahmed SEMMOUD
(4)
,
Bernard LACOUR
(2)
, Ahmed ADDOU
(1)
(1)
Institut de Chimie Industrielle, Centr
e Universitair
e, Mostaganem, Algérie,
(2)
Laboratoir
e de Biochimie A, Hôpital Necker
, Paris, France,
(3)
Ser
vice d’Ur
ologie, Centr
e Hospitalier Universitair
e, Oran, Algérie,
(4)
Laboratoir
e de Spectr
oscopie Infrar
ouge et Raman,
Université des Sciences et de la T
echnologie de Lille-Flandr
es, V
illeneuve d’Ascq, France
Les progrès considérables qui ont été réalisés dans le
domaine urologique depuis une vingtaine d'années ont
offert aux chirur
giens un éventail de moyens de moins
en moins invasifs pour l'extraction des calculs de l'ap
-
pareil urinaire. De la lithotritie extracorporelle à la
néphrolithotomie percutanée en passant par l'endosco
-
pie interventionnelle, les urologues disposent aujour
-
d'hui d'une batterie d'appareils et d'instruments dont
l'utilisation ne conduit cependant pas toujours à une
élimination simple du calcul. Dans bien des cas, le
choix stratégique des méthodes à mettre en oeuvre est
très important pour assurer le succès du traitement
avec le minimum de complications. Plusieurs facteurs
conditionnent le choix du traitement, mais aussi son
succès, notamment la localisation du calcul, le nombre
d'éléments, leur taille et leur composition [15]. Bien
Manuscrit reçu : février 1999, accepté : mars1999.
Adresse pour correspondance : Dr
. Michel Daudon, Laboratoire de Biochimie A,
Hôpital Necker
, 149, rue de Sèvres, 75743 Paris Cedex 15.
RESUME
La fragmentation des calculs par les méthodes de lithotritie endo- ou extracorpor
el-
le dépend en par
tie de la natur
e du calcul. Les complications qui peuvent résulter
d'une mauvaise fragmentation justifient que l'on essaie de préciser la composition du
calcul avant de le traiter
. Les explorations radiologiques peuvent orienter vers sa
natur
e chimique mais r
estent souvent insuf
fisantes.
Buts
: Vérifier si la cristallurie peut aider à prédir
e la composition du calcul pour
orienter le choix du traitement ur
ologique.
Matériel et Méthodes
: Nous avons étudié les urines du réveil de 75 patients non trai
-
tés r
ecueillies 72 heur
es avant traitement chirurgical de leur calcul et comparé la
composition de celui-ci, déterminé par spectr
ophotométrie infrar
ouge, aux phases
cristallines identifiées dans les urines après conservation à +4°C pendant 48 heur
es.
Résultats
: Les résultats ont montré que la fréquence de cristallurie était très élevée
(97,3%). L
’espèce cristalline la plus fréquente était la weddellite, suivie de la carba
-
patite (33,1%) et de la whewellite (23,1%). La comparaison des cristalluries et des
calculs a montré que la weddellite était majoritair
e ou présente en for
tes pr
opor
tions
dans 68% des calculs lorsque la cristallurie était pur
e ou majoritair
e en weddellite.
Inversement, en présence de cristaux de whewellite dans les urines, on observait des
calculs majoritair
es en whewellite dans 88,9% des cas. De même, les calculs conte
-
nant de la struvite s’accompagnaient d’une cristallurie de struvite et de carbapatite
dans 85,7% des cas.
Conclusion
: Ces résultats montr
ent que l'étude de la cristallurie, réalisée avant le
traitement ur
ologique, peut aider le clinicien à prédir
e la natur
e cristalline du calcul
à traiter et peut donc êtr
e utile pour orienter le choix thérapeutique.