Résumé:
Une recrudescence de la leishmaniose cutanée à été observée en Algérie qui constitue un problème réel de santé publique. Ellesévit sur un mode endémo-épidémique. Notre travail s’intéresse aux rongeurs et chiens, réservoirs de la leishmaniose cutanée.Dans ce contexte,deux écosystèmes naturels contrastés qui sont la zone humide de Ain Skhouna, wilaya de Saïda, à relief emboité au milieu de la steppe, relié au Chott el Chergui avec un climat semi-aride et la zone de Draa el Mizan située dans la wilaya de Tizi Ouzou en région côtière montrant un relief montagneux fortement accidenté avec un climat sub-humideont été choisie comme terrain d’approfondissement et d’expérimentation. Ce choix, se justifie par la connexion entre les composants de l’écosystème influençant sur le développement du vecteur à Draa el Mizan et la pullulation des rongeurs à Ain Skhouna. Ces deux zones représentent deux foyers de LC les plus actifs en Algérie. D’une durée de 36 mois (juillet 2010 –2013) et pour couvrir les deux zones, neuf sites ont été sélectionnés à Ain Skhouna pour mener l’analyse du biotope,le comptage des terriers actifs et la capture des spécimens sauvages vivants par inondations des terriers ainsi que la pose de cages dans des endroits ciblés à Draa el Mizan.
Ces travaux ont été suivi par la réalisation de mesures biométriques et d’identification des rongeurs et leurs prédateurs.Trois espèces de rongeurs, au nombre de 111ont été capturés. Deux d’entre elles à Ain Skhouna, avec P.obesus comme espèce dominante (76.57%) par rapport à M.shawi avec un taux de (13.51%) est à densité moindre. La troisième espèce R.rattus piégée à Draa el Mizan, considérée comme un rongeur domestique représente environ 9.90%.Lors de notre période d’étude, la présence élevée de jeunes rongeurs d’espèce P.obesus représentant un taux de 74% du nombre totale de rongeurs capturés à Ain Skhouna permet d’affirmer que cette espèce s’est bien adaptée et dispose de ressources alimentaires de chénopodiacées suffisantes pour une bonne activité biologique. Cette abondance végétale est également liée aux conditions de changements climatiques.Les essaies microscopiques effectués sur 04P.obesus suspects démontrent une étroite relation entre la présence intracellulaire d’amastigotes au sein des macrophages médullaires ganglionnaires et la densité élevée des populations des petits rongeurs. Les prélèvements canins effectués à partir des différentes exploitations et habitations en provenance des deux zones ont permis grâce à l’IFI réalisée à l’IP d’Alger de constater que 39% étaient séropositifs. Ce taux est préoccupant et se rapproche des études épidémiologiques réalisées dans la même région.Notre étude épidémiologique, clinique et parasitologique confirme donc que le rongeur d’Ain Skhounna et le chien de Draa el Mizan jouent bien le rôle de réservoir dans le cycle de transmission de la leishmaniose cutanée dans ces deux zones.Toute solution durable contre la LC passe par la restauration des mécanismes de régulation naturelle des populations de rongeurs. A cet effet, l’introduction d’un large mammifère plus agressif capturé au niveau du site n°7 de Ain Skhouna, identifié comme étant une belette appartenant à l’espèce Mustela nivalis puisutilisé comme moyen de lutte intégrée biologique apportera sans aucun doute une contribution bénéfique pour la prise en charge de cette maladie. Notre introduction à Ain Skhouna de prédateurs capturés de la même espèce et l’utilisation de leur instinct vorace dans une zone endémique de leishmaniose à titre expérimental est originale. Ce contrôle expérimental à été réalisé avec succès.